Sorel, Québec
Le lac Saint-Pierre est un élargissement du fleuve Saint-Laurent qui est situé à environ 75 km en aval de la ville de Montréal. La profondeur du lac dépasse rarement plus de 3 m, à l'exception du chenal où passent les navires commerciaux. Le lac héberge une grande variété de plantes, mais la vallisnérie américaine demeure l'espèce dominante. Tous ces secteurs sont très fréquentés par les canards plongeurs, les canards barboteurs, ainsi que les oies des neiges et les bernaches lors de leur migration. Il est à noter que la ZICO ne comprend que le centre du lac : les nombreuses îles et les secteurs adjacents forment différentes ZICO.
Au cours de la migration automnale, le centre du lac est utilisé par un grand nombre de canards, et plus particulièrement par les canards plongeurs. Durant les années 80, on y a en effet dénombré un nombre significatif au niveau continental de canards à la fois plongeurs et barboteurs avec 15 041 oiseaux. Les garrots, principalement les Garrots à oeil d'or, forment le groupe le plus important avec plus de 7000 individus à avoir été dénombrés. Le Fuligule milouinan et le Petit Fuligule figurent, quant à eux, au second rang des espèces les plus abondantes avec jusqu'à 2100 individus à avoir été observés.
La préservation de la qualité de l'eau est un enjeu majeur pour la conservation des habitats et de la biodiversité des ZICO du secteur du lac Saint-Pierre. Les résultats concernant le taux de plusieurs métaux lourds, comme le plomb, le chrome, l?aluminium, le cuivre et le fer, obtenus lors de la mesure de la qualité de l?eau de surface, dépassent fréquemment le niveau acceptable. De plus, les échantillonnages de sédiments démontrent que la teneur en BPC et en plomb au fond du lac dépasse elle aussi régulièrement les critères de qualité établis pour le dragage. Les fertilisants et les autres produits chimiques utilisés pour l?agriculture dans les bassins versants environnants sont responsables d'une importante réduction la qualité de l?eau. Bien que peu d?études aient été réalisées à ce jour en ce qui concerne la contamination par bioaccumulation chez les oiseaux, les résultats acquis jusqu?à présent indiquent la présence de pentachlorophénol, d?hexachlorocenzène et de DDT. La création d?îlots artificiels au centre du lac (visant à briser les glaces en hiver) a favorisé l?accroissement de la population locale de cormorans à aigrettes. L?augmentation de cette population est considérée comme un des facteurs du déclin de la perchaude et constitue une menace potentielle pour la population de grands hérons nichant sur la Grande Île. Depuis 2008, le ministère du Développement durable, de l?Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) exerce un contrôle de la population locale de cormorans à aigrettes par la stérilisation (huilage) des ?ufs. Un contrôle par l?abattage de cormorans adultes est également à l?essai depuis 2012. Le dragage du chenal maritime cause également des perturbations au niveau de l?habitat des poissons, des débits, des courants, ainsi que de la qualité de l?eau. De plus, étant donné sa position, le site est menacé par les déversements d?hydrocarbures. Les activités de plaisance, de plus en plus populaires, pourraient également constituer une source de dérangement des oiseaux. Le site fait partie de la Réserve mondiale de biodiversité du lac Saint-Pierre, décrétée par l?UNESCO. Il est également reconnu comme étant une zone humide d?importance internationale par la convention RAMSAR. Il fait également partie de la zone d?intervention prioritaire (ZIP) du lac Saint-Pierre.
Le secteur du lac Saint-Pierre représente une des plus importantes zones de milieux humides en eaux douces du Québec. Il abrite plusieurs espèces de poissons considérées en péril, parmi lesquelles figurent l'esturgeon jaune le chevalier cuivré, le bar rayé, le dard de sable, le fouille-roche gris et l'alose savoureuse. La plus grande population connue de méné d'herbe, une espèce dont le statut est préoccupant au Canada, a été rapportée dans ce secteur.
La diminution des habitats disponibles est notamment attribuable à l'assèchement des milieux humides pour favoriser l'agriculture et le contrôle des niveaux d'eau du Saint-Laurent. La navigation commerciale et de plaisance provoque une érosion des rives par le batillage, tandis que le dragage du chenal modifie l'écoulement des eaux et la structure des habitats présents. L'implantation de l'industrie agricole à l'échelle des bassins versants, la présence de nombreuses industries en amont du lac Saint-Pierre, la densité de population et la villégiature sont responsables de la dégradation de la qualité de l'eau. La population de doré jaune, un poisson très sensible à la pollution, est en déclin dans le secteur depuis plusieurs années, tout comme la Perchaude, qui a été longtemps l'espèce commerciale la plus importante du secteur.
Principales espèces présentes :
Anguille d'Amérique
Barbotte brune
Grand Brochet
Chevalier cuivré
Doré jaune
Doré noir
Esturgeon jaune
Méné d'herbe
Perchaude
Les habitats de ce secteur se caractérisent par une sédimentation importante. Les apports des nombreux affluents, comme les rivières Richelieu et Saint-François, en sont responsables en grande partie. Cette sédimentation favorise la formation de marais et de prairies humides. On y retrouve de vastes herbiers submergés dominés par la vallisnérie américaine et le myriophylle à épi. Les marais émergents sont peuplés par les scirpes, les sagittaires et les quenouilles. Plusieurs espèces de canards s'alimentent dans ces milieux, dont les fuligules qui affectionnent particulièrement la vallisnérie américaine.
L'érosion des berges, que ce soit en raison des facteurs naturels (vents, cycles de gel et de dégel, absence de glace pour protéger les berges au printemps) ou humains (vagues provoquées par le passage des navires), menace les habitats riverains. Les variations du niveau d'eau dans le corridor fluvial influencent l'écologie des espèces végétales et animales qui y vivent. Une diminution importante et prolongée des périodes d'immersion des berges pourrait avoir des conséquences sur la flore en favorisant la croissance d'espèces végétales plus terrestres, à caractère arbustif et même arborescent. En outre, la propagation d'espèces envahissantes exerce des pressions considérables sur la flore indigène de ces habitats.
Principales espèces présentes :
Vallisnérie américaine
Myriophylle à épi
Quenouille à feuille étroites
Quenouille à feuilles larges
Sagittaire dressée
Sagittaire latifoliée
Scirpe d'Amérique
Scirpe des étangs
Oiseaux aquatiques | ||
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Nombre | Année | Saison |
15 041 | 1985 | Hiver |