Berthierville, Québec
La Grande Île fait partie de l'ensemble des îles qui sont situées dans la partie ouest du lac Saint-Pierre. Celle-ci comprend plusieurs sections, qui sont séparées par d'étroits chenaux. Au printemps, à la crue des eaux, elle est entièrement inondée. Quelques chalets sont tout de même présents sur ses rives.
La Grande Île abrite une des plus importantes héronnières en Amérique du Nord. En plus de la population de grands hérons, elle accueille des bihoreaux gris et des grandes aigrettes. Entre 1975 et 1991, selon les données du MRNF, la héronnière est passée de 20 à 1306 nids. En 1997, le nombre de nids était demeuré sensiblement le même, bien que la composition des espèces ait varié : le nombre de nids occupés par le grand héron avait diminué de 10 %, alors que le nombre de ceux occupés par le bihoreau gris avait augmenté d?un pourcentage équivalent. Un déplacement plus à l'ouest de la héronnière avait également été observé. En 2001, le quart de la colonie était composé de bihoreaux gris et 2 nids de grande aigrette avaient été recensés. En 2006, l'inventaire quinquennal dénombrait plutôt 1047 nids de hérons et 524 de bihoreau gris, ces derniers formant donc environ le tiers de la colonie. l'arrivée du bihoreau gris ne serait pas en cause, ni le dérangement anthropique. l'hypothèse la plus probable de ces variations est liée à la dégradation de l'habitat.
Les résultats concernant le taux de plusieurs métaux lourds, comme le plomb, le chrome, l'aluminium, le cuivre et le fer, obtenus lors de la mesure de la qualité de l'eau de la surface du lac Saint-Pierre, dépassaient fréquemment le niveau acceptable. Au fond du lac, les résultats démontrent que la teneur en BPC et en plomb des sédiments dépasse aussi régulièrement les critères de qualité établis pour le dragage. Bien que peu d?études aient été réalisées à ce jour en ce qui concerne la bioaccumulation chez les oiseaux, les résultats acquis jusqu?à présent indiquent la présence de pentachlorophénol, d?hexachlorocenzène et de DDT. Étant donné sa position, le site est également menacé par les déversements d?hydrocarbures.La popularité grandissante des croisières effectuées dans l'archipel pourrait aussi s?avérer une source de dérangement des oiseaux. Enfin, la coupe de bois sur l'île est une menace pour la pérennité de la héronnière. Le site fait partie de la Réserve mondiale de biodiversité du lac Saint-Pierre, décrétée par l'UNESCO. Il est reconnu comme étant une zone humide d?importance internationale par la convention RAMSAR. Une grande partie de l'île est désignée refuge faunique et appartient au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) du Québec. La Société canadienne pour la conservation de la nature et le Service canadien de la faune possèdent également quelques terrains. En 2013, le Comité ZIP du lac Saint-Pierre a installé 12 nichoirs dans la partie nord de l'île afin d?offrir des sites de nidification supplémentaires aux canards arboricoles.
Le secteur du lac Saint-Pierre est un élargissement du fleuve qui représente une des plus importantes zones de milieux humides en eaux douces du Québec. Son archipel et les abords du lac abritent de vastes herbiers aquatiques, des marais et des marécages arborescents fréquentés par plus d'une soixantaine d'espèces de poisson. Lors des crues printanières, la plaine inondable est un site important de fraie et d'alevinage pour de nombreuses espèces de poissons, tels la perchaude et le grand brochet. Plusieurs espèces des poissons fréquentant le lac et ses affluents sont sur la liste des espèces en péril. C'est le cas du chevalier cuivré, un poisson endémique du Québec en voie de disparition, l'esturgeon jaune, une espèce menacée au Québec, et l'anguille d'Amérique, une espèce préoccupante. La plus grande population connue de méné d'herbe, une autre espèce dont le statut est préoccupant, est localisée dans le secteur du lac Saint-Pierre.
La diminution des habitats disponibles est notamment attribuable à l'assèchement des milieux humides pour favoriser l'agriculture et le contrôle des niveaux d'eau dans le Saint-Laurent. La navigation commerciale et de plaisance provoque une érosion des rives par le batillage, tandis que le dragage du chenal modifie l'écoulement des eaux et la structure des habitats présents. L'implantation de l'industrie agricole à l'échelle des bassins versants, la présence de nombreuses industries en amont du lac Saint-Pierre, la densité de population et la villégiature sont responsables de la dégradation de la qualité de l'eau. La population de doré jaune, un poisson très sensible à la pollution, semble être en déclin dans le secteur depuis plusieurs années, tout comme la perchaude, qui a été longtemps l'espèce commerciale la plus importante du secteur.
Principales espèces présentes :
Anguille d'Amérique
Barbotte brune
Chevalier cuivré
Doré jaune
Doré noir
Esturgeon jaune
Grand Brochet
Méné d'herbe
Perchaude
Les habitats de ce secteur se caractérisent par une sédimentation importante. Les apports des nombreux affluents, comme les rivières Richelieu et Saint-François, en sont responsables en grande partie. Cette sédimentation favorise la formation de marais et de prairies humides. On y retrouve de vastes herbiers submergés dominés par la vallisnérie américaine et le myriophylle à épi. L'île abrite une érablière argentée mature, accompagnée d'orties du Canada et d'onoclées sensibles. La ZICO abrite 27 espèces de plantes rares, dont l'échinochloa de Walter et le souchet petit-houblon.
L'érosion des berges, que ce soit en raison des facteurs naturels (vents, cycles de gel et de dégel, absence de glace pour protéger les berges au printemps) ou humains (vagues provoquées par le passage des navires), menace les habitats riverains. Les variations du niveau d'eau dans le corridor fluvial influencent l'écologie des espèces végétales et animales qui y vivent. Une diminution importante et prolongée des périodes d'immersion des berges pourrait avoir des conséquences sur la flore en favorisant la croissance d'espèces végétales plus terrestres, à caractère arbustif et même arborescent. En outre, la propagation d'espèces envahissantes exerce des pressions considérables sur la flore indigène de ces habitats.
Principales espèces présentes :
Matteuccie fougère-à-l'autruche
Myriophylle à épi
Onoclée sensible
Ortie du Canada
Quenouille à feuilles étroites
Rubanier à gros fruits
Sagittaire dressée
Sagittaire latifoliée
Scirpe d'Amérique
Scirpe des étangs
Vallisnérie américaine
Grand Héron | ||
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Nombre | Année | Saison |
2 354 | 1992 | Été |
1 900 | 1991 | Été |
1 688 | 1986 | Été |
604 | 1980 | Été |
Quiscale rouilleux | ||
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Nombre | Année | Saison |
35 | 2019 | Automne |